Fiche pratique : l’hypnose

Pratiquée il y a plus de 200 ans dans les sociétés occidentales, l’hypnose (du grec hupnoein, endormir) est une pratique thérapeutique qui consiste à laisser un individu entre l’état de veille et de sommeil.
L’hypnose ou état de conscience modifié…
Cet état de conscience modifié se produit régulièrement sans que l’on s’en rende compte, au moment où l’on « décroche » de la réalité, lors d’une période de grande concentration, ou lorsqu’on lit un livre ou regarde un film captivant par exemple.
Cet état d’hypnose peut également être provoqué par différentes techniques hypnotiques, principalement recommandées chez les personnes ayant des problèmes de dépression, d’addiction, de phobies, ou de traumatismes. Par l’induction, il vise à se défaire de ses idées nuisibles afin de faire disparaître différents symptômes et douleurs.
4 pratiques sensiblement différentes en hypnose
L’hypnose recouvre plusieurs pratiques différentes :
- L’hypnosédation : utilisée en anesthésie, elle agit sur le système nerveux central pour apaiser les douleurs, réduit l’anxiété, relaxe ;
- L’hypnoanalgésie : elle permet également d’atténuer les douleurs, notamment celles liées à l’accouchement, aux interventions chirurgicales et chez les enfants ;
- L’hypnothérapie : cette pratique est à visée psychothérapeutique, orientée vers les solutions, afin de reprendre le contrôle de sa vie ;
- L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : cette technique de désensibilisation et retraitement par mouvements oculaires est née à la fin des années 1980. En combinant hypnose et d’autres approches psychothérapeutiques, elle est principalement recommandée pour traiter le syndrome de stress post traumatique (SSPT) chez l’adulte.
Les techniques utilisées
Selon Dr Roelants et Watremez au congrès Hypnose et Douleur à La Rochelle (2014) et du livre Hypnose, douleurs aiguës et anesthésie (Virot and Bernard 2010), il existe plusieurs techniques en fonction du type d’hypnose :
- Techniques linguistiques (communication hypnotique) : Elle consiste à utliser des mots simples mais positives et à les reformuler comme « restez tranquille » et non pas « ne bougez pas », ou encore « rassurez-vous » au lieu de « ne vous inquiétez-pas » ;
- Techniques relationnelles (communication hypnotique) : small talk (commencer par parler de tout et de rien), mirroring (reproduire à un niveau inconscient les gestes, expressions, tons de son interlocuteur), permissivité (suggestion hypnotique sous forme de métaphore) ;
- Techniques de focalisation (hypnose conversationnelle) : Par concentration sur la respiration, par focalisation sur un écran, ou par questionnement interne comme « comment faites-vous chez vous pour vous détendre ? ») ;
- Techniques de dissociation (hypnose thérapeutique) : elles consistent à désactiver la conscience critique du patient via différentes approches, en créant de la confusion ou en focalisant l’attention sur un élément précis.
De manière générale, la séance se déroule en trois phases une fois l’objectif défini :
- Une séance commence ainsi par la phase d’induction pour se consacrer à l’«ici et maintenant» afin d’abandonner les préoccupations du moment ;
- Elle se poursuit ensuite par la transe hypnotique ou la phase de travail où le patient est réellement entré dans la véritable session d’Hypnose. Dans ce cas, il a les yeux rouges, réalise un mouvement oculaire rapide des yeux (M.O.R.) comme durant le sommeil paradoxal. Le teint de sa peau change également, tout comme sa température corporelle ;
- Enfin, il y a la phase de sortie où le patient reprend peu à peu ses esprits.
Quels sont ses bienfaits ?
- Soulager les symptômes du syndrome du côlon irritable : 81% des patients traités ont continué à se sentir mieux jusqu’à 6 ans après la fin des séances ;
- Stopper les bouffées de chaleur : une étude a révélé une baisse de 74% en 12 semaines après cinq séances hebdomadaires d’hypnose ;
- Calmer les nerfs ;
- Gérer des troubles anxieux : phobies, anxiété, stress, émotions ;
- Soigner des troubles psychosomatiques : migraines, troubles du sommeil, troubles de la sexualité, perte d’appétit, maladies cutanées, malaises, phobies ;
- Changer de comportements négatifs : alimentation, alcool, tabac ;
- Explorer des potentialités de son être : affirmation de soi, concentration, confiance en soi, prise de parole en public ;
- Se libérer de ses blessures profondes ;
- Soulager la douleur liée à des maladies graves (fibromyalgie, arthrite, cancer) ;
- Soulager les douleurs liées à la chirurgie avec l’hypno-sédation, même après l’opération. Utilisée dans les services de chirurgie depuis ces 10 dernières années, elle est principalement pratiquée pour des interventions de chirurgie plastique ou endocrinienne.
L’hypnose présente-t-elle des risques ?
L’hypnose en elle-même ne présente aucun danger à condition qu’elle soit pratiquée par un hypnotiseur compétent et bien formé, et pour soigner certains troubles et/ou maladies. Les cas de pathologie psychiatrique sévère par exemple ne peuvent être guéris par l’hypnose.
Certains effets indésirables peuvent aussi apparaitre : anxiété, vertiges, migraines, somnolence, création de faux souvenirs. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, quelques cas ont été signalés dans les traumatismes et abus sexuels dans l’enfance et la fabrication de faux souvenirs liés à l’hypnose. Dans tous les cas, ces effets indésirables et situations restent rares, car il suffit de choisir un professionnel de santé formé et expérimenté.
Les formations professionnelles en hypnose
Pour pouvoir pratiquer l’hypnose, plusieurs universités délivrent le DU (Diplôme d’université) Bac+3, DIU (Diplôme inter-universitaire) ou le DESU (Diplôme d’études supérieures universitaires) Bac +5. Selon le rapport de l’Inserm sur l’hypnose (2015), on recense :
- 1 diplôme d’études supérieures universitaires (DESU) : Hypnose médicale Université d’Aix-Marseille ;
- 1 diplôme inter universitaire (DIU) : Hypnose médicale et clinique Université de Bretagne occidentale et de Bourgogne ;
- 11 diplômes universitaires (DU) : Université de Bretagne occidentale et de Bourgogne, Bordeaux, La Réunion, Limoges, Montpellier-Nîmes, Nantes, Nice Sophia Antipolis, Paris 6, Paris 11, et Toulouse.
Les professionnels de santé, en particulier médecins, dentistes, sages-femmes ainsi que les professionnels paramédicaux, peuvent également suivre des formations. Des associations ou établissements privés proposent des modules d’initiation ou de perfectionnement à l’hypnose qui durent entre une journée à une dizaine de jours. Les autres types de profils peuvent aussi se former, dans le cadre d’une formation continue, d’un DPC (développement professionnel continu), entre 2-3 jours à 45 jours, voire plusieurs années, ou hors DPC.
Parmi ces organismes de formation en hypnose, citons les instituts et associations membres de la CFHTB (confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves) dont :
- L’institut Emergences, qui est un institut de formations et de recherche en hypnose et communication thérapeutique ;
- Les instituts Milton H Erickson ;
- Les instituts M Erickson de Nantes et de Toulouse ;
Certains organismes de formation ne font pas partie du CFHTB, mais proposent de former des professionnels de santé comme l’Institut français d’hypnose (IFH). Ses formations s’adressent aux professionnels diplômés d’état : médecins généralistes et spécialistes, kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, pédiatre, psychothérapeutes, psychiatres, ou psychologues par exemple. Les cycles de formation varient de 7-10 jours à 3 ans, en fonction de la formation choisie (hypnothérapie, hypnoanalgésie, hypnose dentaire…).
Enfin, il existe des formations destinées à un public plus large, sans qualification requise. Elles sont dispensées par des organismes qui n’adhérent pas à la charte éthique de la CFHTB. Attention toutefois, car les non médecins qui pratiquent l’hypnose à visée thérapeutique peuvent être puni par la loi pour exercice illégal de la médecine (article L.4161-1 du code de la santé publique).
Le statut et le remboursement de l’hypnose en France
En France, l’Ordre des médecins ne reconnait pas la pratique de l’hypnose. A ce jour, il n’existe d’ailleurs aucun cadre légal précis, ce qui explique pourquoi les médecins ne la mentionnent pas sur leurs ordonnances ou leur plaque. Néanmoins, l’ordre national des chirurgiens-dentistes peut autoriser de le mentionner sur ses documents professionnels, et reconnait un DU/DIU, mais uniquement au cas par cas.
Pour ce qui est de la Sécurité sociale, les séances d’hypnose ne sont pas remboursées. Dans la classification commune des actes médicaux (CCAM), le code acte « Séance d’hypnose à visée antalgique » (code ANRP001) n’est pas non plus couvert par l’Assurance maladie. En revanche, les séances pratiquées par un médecin conventionné sont couvertes par la Sécurité sociale sur la base des règles de remboursement habituelles. Elles peuvent également être prises en charge, partiellement ou non, par certaines mutuelles.
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