Existe-t-il un lien entre la consommation de boissons sucrées et un risque accru de cancer colorectal chez les femmes ? Une nouvelle étude a révélé plusieurs résultats inquiétants chez les femmes de moins de 50 ans. Les résultats pourraient aider à expliquer la hausse des taux de cancer colorectal chez les jeunes adultes…

Ces dernières années, les diagnostics de cancer colorectal ont augmenté chez les personnes de moins de 50 ans. À quoi est-ce dû exactement ? Alors que plusieurs chercheurs se penchent encore sur la question, une nouvelle étude menée par la Washington University School of Medicine à Saint-Louis (Missouri, États-Unis) a trouvé un lien entre la consommation de boissons sucrées et un risque accru de développer un cancer colorectal chez les femmes de moins de 50 ans.  

Publiée en ligne dans la revue Gut le 6 mai 2021, l’étude soutient davantage les efforts de santé publique qui encouragent les gens à réduire la quantité de sucre qu’ils consomment. Son objectif : identifier les facteurs de risque, les paysages moléculaires et les stratégies de dépistage de précision pour ces cancers afin qu’ils puissent être détectés plus tôt et même être évités.

Selon l’auteur principal de l’étude, Yin Cao, professeur agrégé de chirurgie et de médecine à la Division des sciences de la santé publique de l’Université de Washington :

Le cancer colorectal chez les jeunes adultes reste relativement rare, mais le fait que les taux aient augmenté au cours des trois dernières décennies – et nous ne comprenons pas pourquoi – est un problème de santé publique majeur et une priorité dans la prévention du cancer (…) En raison de l’augmentation du cancer colorectal chez les jeunes âges, l’âge moyen du diagnostic du cancer colorectal est passé de 72 à 66 ans. Ces cancers sont plus avancés au moment du diagnostic et présentent des caractéristiques différentes par rapport aux cancers des populations plus âgées.

Quel rôle dans l’augmentation du risque de cancer colorectal ?

Les chercheurs ont analysé les données de la Nurses ‘Health Study II, une vaste étude de population qui a suivi la santé de près de 116500 infirmières de 1991 à 2015. Tous les 4 ans, les participantes ont répondu à des enquêtes qui comprenaient des questions sur l’alimentation, y compris les types et les quantités estimées de boissons qu’ils ont bues. Sur le total des participants, plus de 41 000 ont également été invités à se souvenir de leurs habitudes de consommation de boissons pendant leur adolescence.

109 diagnostics de cancer colorectal à début précoce parmi les près de 116 500 participants ont été identifiés.

Selon Yin Cao :

Malgré le petit nombre de cas, il y a toujours un signal fort pour suggérer que la consommation de sucre, en particulier au début de la vie, joue un rôle dans l’augmentation du risque de cancer colorectal à l’âge adulte avant l’âge de 50 ans (…).

Il a également ajouté que cette étude suggère que les problèmes métaboliques (la résistance à l’insuline par exemple) peuvent jouer un rôle important dans le développement de ce cancer chez les jeunes adultes. Pour en arriver à cette conclusion, les résultats de cette étude ont été combinés aux travaux antérieurs de son équipe de recherche liant l’obésité et les conditions métaboliques à un risque plus élevé de cancer colorectal à début précoce,

Une consommation de boissons sucrées liée à des problèmes de santé métaboliques

Cette étude a ainsi permis de révéler plusieurs résultats :

• Les femmes qui buvaient deux portions ou plus par jour de boissons sucrées avaient un peu plus de deux fois le risque de développer un cancer colorectal à début précoce par rapport aux femmes qui buvaient moins d’une portion de 8 onces par semaine. Cela signifie qu’il a été diagnostiqué avant l’âge de 50 ans ;
• Les chercheurs ont calculé une augmentation de 16% du risque pour chaque portion de 8 onces par jour ;
• De 13 à 18 ans, moment important pour la croissance et le développement, chaque portion quotidienne était liée à un risque accru de 32% de développer éventuellement un cancer colorectal avant l’âge de 50 ans.

La consommation de boissons sucrées a été liée à des problèmes de santé métaboliques, tels que le diabète de type 2 et l’obésité, y compris chez les enfants. Mais on sait moins si ces boissons riches en sucre pourraient avoir un rôle dans l’incidence croissante du cancer colorectal chez les jeunes. 

À l’instar des taux de cancer colorectal à début précoce, la consommation de ces boissons a augmenté au cours des 20 dernières années, le niveau de consommation le plus élevé étant observé chez les adolescents et les jeunes adultes âgés de 20 à 34 ans.

Des travaux supplémentaires nécessaires…

Compte tenu de l’augmentation des taux, l’American Cancer Society a récemment abaissé l’âge recommandé pour une première coloscopie de dépistage à 45 ans, contre 50 ans auparavant pour les personnes à risque moyen. Ceux qui présentent des facteurs de risque supplémentaires, tels que des antécédents familiaux de la maladie, devraient commencer encore plus tôt, selon les lignes directrices.

Étant donné que l’étude ne comprenait que des infirmières, dont la plupart étaient de race blanche, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour examiner ce lien chez des personnes de races, d’ethnies et de sexes plus diversifiés.

Alors que les boissons sucrées étaient liées à un risque accru de cancer colorectal à début précoce, certaines autres boissons – y compris le lait et le café – étaient associées à une diminution du risque. Cette étude observationnelle ne peut pas démontrer que la consommation de boissons sucrées provoque ce type de cancer ou que boire du lait ou du café est protecteur, mais les chercheurs ont déclaré que le remplacement des boissons sucrées par des boissons non sucrées, comme le lait et le café, est un meilleur choix pour longtemps.

Compte tenu de ces données, il est vivement recommandé d’éviter les boissons sucrées et de choisir plutôt des boissons comme le lait et le café sans édulcorants pour éviter tout risque de cancer et rester en bonne santé.