« Regarde-moi dans les yeux.. . » Voilà LA phrase qui rappelle des images d’un psychothérapeute balançant une montre de poche… Il existe de nombreux mythes sur l’hypnose, principalement diffusés par les médias. Mais en mettant de côté ces clichés, c’est une forme bien étudiée et légitime de traitement qui agit sur plusieurs maladies et états de santé, allant de l’obésité à la douleur, en passant par l’anxiété, les troubles du sommeil ou encore l’addiction… Alors que nous révèle exactement la science sur cette pratique ?

Qu’est-ce que l’hypnose implique exactement ?

L’hypnose est un état profond de relaxation, de concentration et de suggestibilité accrue. Pourtant, ce n’est pas exceptionnel. Nous nous retrouvons régulièrement perdus dans nos pensées, à la dérive dans la musique et plongés dans le travail. La différence est que pendant l’hypnothérapie, un thérapeute guide le client vers l’hypnose, ce nouvel état mental.

Malgré des définitions variables, une séance débute souvent par la visualisation d’une image apaisante, se poursuit par une procédure d’approfondissement, puis, introduit des affirmations. Le traitement peut être effectué avec l’aide d’un hypnothérapeute qualifié, mais il peut être tout aussi bénéfique grâce à l’auto-hypnose.

Presque tout le monde dans le domaine s’accorde à dire qu’il comporte deux étapes, qui sont généralement appelées « induction » et « suggestion ».

• Pendant l’induction, on dit généralement au patient de se détendre, de concentrer son attention et de se mettre en hypnose. Cette étape peut durer de quelques secondes à 10 minutes ou plus. Son objectif est de calmer l’esprit et de concentrer son attention sur la voix et les conseils du thérapeute ou du conseiller ;
• La phase de « suggestion » consiste à parler à la personne hypnotisée à travers des événements et des scénarios hypothétiques destinés à l’aider à faire face ou à contrer des comportements et des émotions inutiles. Les patients sont invités à vivre des événements imaginaires comme s’ils étaient réels. Le type de suggestions utilisées dépend du patient et de ses défis personnels.

Comment l’hypnose fonctionne-t-elle ?

À certains égards, l’hypnose peut être comparée à la méditation guidée ou à la pleine conscience. L’idée est de mettre de côté les jugements normaux et les réactions sensorielles, et d’entrer dans un état plus profond de concentration et de réceptivité. 

Plusieurs chercheurs la comparent au fait de se perdre dans un livre ou un film, ces moments où le monde extérieur s’efface et l’esprit d’une personne est complètement absorbé par ce qu’elle lit ou regarde. 

Une étude publiée dans the American Journal of Psychiatry a également qualifié l’hypnose d’« effacement » temporaire de l’ego.

Généralement, les patients craignent de perdre le contrôle de l’hypnose, pourtant elle permet d’améliorer le contrôle du corps et de l’esprit. Au lieu de laisser la douleur, l’anxiété ou d’autres états inutiles diriger son esprit et son corps, cette pratique est un « moyen très puissant de changer la façon dont nous utilisons notre esprit pour contrôler la perception et notre corps » (David Spiegel, président associé de psychiatrie à la Stanford University School of Medicine).

Quels sont les bienfaits de l’hypnose selon la science ?

Les recherches de Spiegel ont montré qu’il pouvait agir sur plusieurs régions du cerveau, dont certaines liées à la perception et à la régulation de la douleur. L’hypnose a également été prouvée pour calmer les parties du cerveau impliquées dans le traitement sensoriel et la réponse émotionnelle.

En effet, il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une personne peut vouloir l’essayer, pour soulager :

• Les douleurs chroniques ;
• Les symptômes de démence ;
• Les nausées et vomissements liés à la chimiothérapie ;
• La douleur pendant l’accouchement, les soins dentaires ou la chirurgie ;
• Les affections cutanées, telles que le psoriasis et les verrues ;
• Les symptômes du syndrome du côlon irritable (SCI) ;
• Les symptômes du trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité.

L’hypnothérapie peut également être utilisée par des médecins et des psychologues agréés dans le traitement de troubles tels que :

• Les troubles anxieux ;
• La dépression ;
• Les troubles de l’alimentation ;
• Le trouble de stress post-traumatique.

Cette pratique peut également être utile pour modifier ou réduire les comportements problématiques, notamment pour aider à :

• Arrêter de fumer ;
• Perdre du poids ;
• Mieux dormir. 

Aide à gérer la douleur

Une étude publiée en 2016 dans BMC Geriatrics a exploré les bienfaits de l’hypnose et de l’auto-hypnose sur 53 personnes âgées hospitalisées souffrant de douleur chronique.

Les chercheurs ont réparti les patients en 2 groupes :

• Le premier a suivi des séances de massage ;
• L’autre a reçu 3 séances d’hypnose.

Les patients ont également appris l’auto-hypnose auprès d’un médecin qualifié, qui les a encouragés à la pratiquer pour soulager la douleur sur le long terme.

Les résultats de l’étude suggèrent que l’hypnose agit plus efficacement sur la douleur que le massage pendant le séjour à l’hôpital. L’hypnose semblait également améliorer l’humeur.

Une autre étude publiée dans European Journal of Pain en 2014 s’est penchée sur le cas de 100 anciens combattants ayant une lombalgie chronique. Ils ont également suivi des séances d’autohypnose pour soulager la douleur.

Les chercheurs ont réparti les participants en quatre groupes suivant chacun des séances d’auto-hypnose :

• Huit séances de formation à l’auto-hypnose ;
• Huit sessions de formation à l’auto-hypnose, plus des enregistrements audio pour la pratique à la maison ;
• Deux sessions de formation à l’auto-hypnose, plus des enregistrements audio et un suivi téléphonique hebdomadaire ;
• Huit séances de biofeedback.

Selon les résultats, l’hypnose était plus efficace pour soulager la douleur que le biofeedback. Plus de la moitié des personnes des groupes d’hypnose ont déclaré que leur douleur s’était améliorée. Les résultats suggèrent également que deux séances d’auto-hypnose, combinées à une pratique à domicile, pourraient apporter autant d’avantages que huit séances de traitement régulières.

Améliore la qualité du sommeil

Une étude publiée dans le Journal of Women’s Health a étudié 90 femmes souffrant de troubles du sommeil postménopausiques. Cette étude a réparti les femmes en quatre groupes, où certaines ont rencontré de visu leur hypnothérapeute pour des séances d’hypnose, et où d’autres ont reçu un suivi téléphonique pour des séances d’auto-hypnose guidées.

La plupart des femmes ont déclaré que non seulement l’hypnose les aidait à dormir plus longtemps, mais que cette pratique leur procurait d’autres bienfaits :

• Meilleure qualité du sommeil
• Disparition des bouffées de chaleur et sueurs nocturnes ;
• Amélioration de l’humeur.

Comme tous les groupes ont montré des améliorations similaires, les chercheurs ont conclu que l’auto-hypnose était tout aussi bénéfique que les séances avec un hypnothérapeute contre l’insomnie et d’autres troubles du sommeil, sans compter que l’hypnothérapie une facilité d’échange et d’accessibilité.

Une revue publiée dans le Journal of Clinical Sleep Medicine a analysé 24 études évaluant le recours de l’hypnose sur les problèmes de sommeil :

• 58,3% des études ont émis un avis favorable sur l’hypnose concernant les troubles du sommeil :
• 12,5% ont rapporté des résultats mitigés.

Toutes les études incluses ne se concentraient pas spécifiquement sur l’auto-hypnose. Néanmoins, les auteurs de la revue ont déclaré que plus de la moitié des études proposaient des enregistrements audio pour la pratique à domicile et encourageaient les participants à pratiquer l’hypnose par eux-mêmes. 

Malgré le besoin de plus de recherches selon les auteurs, l’hypnose était globalement prometteuse en tant que traitement à faible risque pour les problèmes de sommeil.

Aide à arrêter de fumer

Contrairement à ce que l’on croit, être hypnotisé ne va pas faire arrêter soudainement l’envie de vapoter ou d’arrêter de fumer. Un hypnotiseur ne peut pas contrôler le patient ni lui faire faire quelque chose. Néanmoins, l’hypnothérapie peut lui faciliter la tâche. Le tabagisme est souvent une stratégie d’adaptation inadaptée pour faire face au stress, l’hypnose peut donc donner aux patients d’autres armes pour y faire face.

Il y a aussi d’autres avantages, pour arrêter de fumer ou de vapoter. Pour commencer, il recadre le comportement et aide à rechercher des choix meilleurs pour la santé. Grâce à l’hypnose, le patient apprend à se concentrer sur la protection du corps comme s’il s’agissait d’un enfant, dépendant de lui pour sa santé et sa sécurité. Lors d’une séance, le thérapeute proposera des moyens positifs pour améliorer la santé du corps (promenade dans le parc, manger des fruits frais), plutôt que de se concentrer sur le négatif (fumer endommage les poumons, chiquer du tabac peut donner le cancer). En utilisant l’hypnose, environ un quart des personnes qui essaient peuvent arrêter définitivement.

Traite l’anxiété

L’anxiété est un sentiment de malaise, de peur intense qui peut faire transpirer, se sentir tendu et faire constamment ressentir un rythme cardiaque rapide. Ceux qui souffrent de troubles anxieux ont une anxiété qui ne disparaît pas, ce qui affecte le quotidien. Pour mieux y faire face, l’hypnose peut aider les personnes anxieuses, car elle les aide à se détendre et à se calmer.

Dans une étude publiée dans Cerebral Cortex, le cerveau de 57 personnes sous hypnose a été scanné pour voir les effets de l’hypnose face à l’anxiété. Ils ont trouvé des changements dans les zones du cerveau qui ont permis un meilleur contrôle émotionnel et une diminution des sentiments liés à la conscience de soi (embarras, jalousie, honte, culpabilité…).

Une revue de 2017 a révélé que l’hypnose a un effet significatif, immédiat et prolongé sur l’anxiété chez les personnes atteintes de cancer. Cela a été particulièrement bénéfique pour les personnes souffrant d’anxiété. De plus, l’hypnose fonctionne mieux pour réduire l’anxiété lorsqu’elle est associée à d’autres pratiques psychologiques, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou la thérapie d’exposition.

Combat la dépression

Si l’hypnose réussit à aider les gens à surmonter les problèmes de stress et d’anxiété, il n’est peut-être pas très difficile de voir comment elle pourrait également bénéficier aux personnes souffrant de dépression. Une étude publiée dans American Journal of Clinical Hypnosis et réalisée par des chercheurs de l’Université de Hartford de 10 études existantes et 13 essais cliniques impliquant la dépression et l’hypnose, a révélé que les personnes souffrant de dépression qui ont subi des séances d’hypnothérapie ont connu une plus grande amélioration de leurs symptômes par rapport à 76% des personnes déprimées qui n’ont pas suivi des séances d’hypnose.

Dans une autre étude publiée dans International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, les scientifiques ont révélé que les patients traités par hypnothérapie en plus de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) présentaient une amélioration des symptômes de dépression de 6 % supérieure par rapport à ceux qui n’avaient suivi de thérapie cognitivo-comportementale.

L’hypnose est l’une des nombreuses approches corps-esprit, comme la pleine conscience et la méditation, qui est utilisée pour soulager divers types de dépression. Mais alors que l’objectif final est le même, c’est-à-dire améliorer l’humeur, l’hypnose et la méditation s’y prennent de différentes manières. En méditation, le patient travaille à ouvrir son esprit et à ne penser à rien, tandis que l’hypnose consiste à créer un objectif très précis qui permet de réfléchir intensément aux choses.

Quelques risques à ne pas sous-estimer

L’hypnose menée par un thérapeute qualifié ou un professionnel de la santé est considérée comme un traitement médical sûr, complémentaire et alternatif. Cependant, cette pratique peut ne pas être appropriée chez les personnes atteintes de maladie mentale grave.

Les effets indésirables de l’hypnose sont rares, mais peuvent inclure :

• Des maux de tête ;
• Un état de somnolence ;
• Des vertiges ;
• De l’anxiété ou la dépression ;
• La création de faux souvenirs.

Soyez prudent lorsque l’hypnose est proposée comme méthode pour surmonter des événements stressants survenus plus tôt dans la vie. Cette pratique peut provoquer des émotions fortes et risque de créer de faux souvenirs.

Comment se passe une séance d’hypnose ?

L’hypnothérapeute explique le processus de l’hypnose et passe en revue les objectifs du traitement. Ensuite, il parle généralement sur un ton doux et apaisant et décrit des images qui créent un sentiment de détente, de sécurité et de bien-être.

Lorsque le patient est dans un état réceptif, il propose des moyens pour atteindre les objectifs (arrêter de fumer, perdre du poids, gérer la douleur…) et aide à visualiser des images mentales vives et significatives du patient accomplissant ces objectifs. Lorsque la séance est terminée, soit le patient est capable de sortir de l’hypnose, soit l’hypnothérapeute l’aide à mettre fin à son état de relaxation.

Contrairement aux idées reçues, il ne perd pas le contrôle de son comportement sous hypnose. De plus, il reste généralement conscient de ce qui se passe durant la séance et se souvient de tout.

Conclusion

La méthode implique un thérapeute hautement qualifié utilisant des mots, des phrases ou des techniques thérapeutiques pour aider à entrer dans un état de conscience modifié. L’hypnose peut impliquer une relaxation guidée, un discours intérieur, une visualisation ou de la musique. Mais dans tous les cas, il est toujours conseillé de faire appel à un professionnel qualité pour des séances d’hypnose ou d’auto-hypnose.